C’est la proposition de loi présentée par le député Antoine Vermorel-Marques
La fast fashion, avec son cycle rapide de production et de consommation de vêtements, a des répercussions profondément négatives sur l'économie locale, l'environnement et les conditions de travail à l'échelle mondiale. En France, seulement 3% des vêtements sont fabriqués localement, laissant la majorité de la production aux pays où les normes sociales et environnementales sont souvent médiocres. Cette industrie non seulement menace l'existence des marques françaises par sa logique de prix bas mais contribue également à une surconsommation qui s'avère coûteuse à long terme, tant pour les consommateurs que pour la planète.
La proposition de loi présentée par le député Antoine Vermorel-Marques se veut une réponse audacieuse aux défis posés par la fast fashion.
L'idée proposée consiste à instaurer un système de bonus-malus pour encourager les comportements respectueux de l'environnement dans le secteur de la mode. Ce système prévoit d'imposer un malus allant jusqu'à 5 euros pour chaque article acheté dans le cadre de l'ultra-fast fashion en ligne, tandis qu'un bonus du même montant serait accordé pour l'achat de vêtements écoresponsables, fabriqués en France ou en Europe. L'objectif est de ne pas imposer une taxe supplémentaire mais d'inciter au changement par une logique de "pollueur-payeur". Ce dispositif serait une avancée par rapport à l'éco-contribution actuelle, jugée insuffisante, en appliquant une modulation plus significative pour les plateformes proposant un grand volume de nouveaux produits quotidiennement.
La proposition est également compatible avec le droit européen, permettant la création d'un "passeport textile" évaluant l'impact environnemental des produits. Cela encouragerait la production locale, notamment le "made in France", créant ainsi des emplois. L'auteur de la proposition souligne l'importance d'agir au niveau national sans attendre un consensus européen, mettant en avant la capacité de la France à prendre des initiatives autonomes dans ce domaine.
C'est une reconnaissance que le problème ne réside pas tant dans la sobriété des consommateurs que dans la surabondance de produits de faible qualité, produits en masse à l'étranger.
Néanmoins, pour que cette loi soit véritablement transformative, elle doit être mise en œuvre de manière à promouvoir une économie de la mode durable sans créer de dépendance aux aides financières. L'expérience des subventions européennes aux agriculteurs français nous enseigne que le soutien financier doit être accompagné de stratégies visant à renforcer l'autonomie et la compétitivité du secteur sur le long terme. La clé réside dans l'encouragement d'une production locale qui valorise la qualité, le savoir-faire et les bonnes pratiques environnementales et sociales.
L'initiative législative contre la fast fashion représente une opportunité cruciale de repositionner la France et, par extension, l'Europe, à l'avant-garde d'une mode responsable et durable. En favorisant la relocalisation de la production textile, nous pouvons non seulement revitaliser les économies locales mais aussi contribuer à la protection de l'environnement et à l'amélioration des conditions de travail dans le secteur. Cependant, cette transition doit être conçue de manière à garantir la viabilité économique des entreprises sans les rendre dépendantes des aides financières. Une telle approche exige des mesures de soutien ciblées, une réglementation intelligente et un engagement commun de tous les acteurs de l'industrie pour redéfinir les standards de la mode vers plus d'éthique et de durabilité. Seulement alors, l'industrie de la mode pourra se transformer en un vecteur de progrès social et environnemental, reflétant les valeurs d'une société qui choisit d'acheter moins, mais mieux.